Dans les Landes, des serres seront chauffées avec des rejets de puits pétroliers

Publié le par Admin.

undefinedProduire des tomates grâce aux rejets de pétrole ? Ce n'est plus l'éventuel fantasme d'un agriculteur écolo ou son pire cauchemar. Quatre producteurs de tomates, une commune balnéaire du nord des Landes, Parentis-en-Born, et une importante compagnie pétrolière canadienne, Vermilion, viennent de signer un accord afin de produire des millions de tomates sous serre en utilisant, comme ressource calorifique, les rejets du forage de Parentis, le plus grand gisement de pétrole de France en volume (2 100 barils par jour). Lire la suite... 


Le projet est impressionnant : construire, d'ici à 2012, 17 hectares de serres chauffées par une usine de cogénération, sous lesquelles grossiront chaque année 30 millions à 85 millions de tomates cultivées hors sol. L'investissement, de 20 millions d'euros, sera financé par les quatre agriculteurs, tous ingénieurs agronomes adhérents d'Odélis - un regroupement de cinq coopératives fruitières et légumières du sud de la France -, par les collectivités (conseil régional d'Aquitaine, conseil général des Landes), l'Etat et l'Europe. La ville de Parentis, elle, a servi de détonateur au projet et vendu ses terrains qui jouxtent le forage.

"C'est la réponse à des années de tracas et un rêve qui se réalise pour nous et la population", s'enthousiasme Pascal Valette, adjoint au maire, chargé du dossier. A terme, 120 personnes travailleront sur cette exploitation, dont la première mise en culture est prévue pour novembre. Une manne pour cette commune de 5 000 habitants qui a tendance à voir ses jeunes quitter le pays pour Bordeaux ou Mont-de-Marsan.

DÉMARCHE ÉCOLOGIQUE

Sur le plan technique, c'est une première française. Jamais encore des serres de fruits et de légumes n'avaient été chauffées avec des rejets de puits pétroliers. Concrètement, le gaz soufré sorti du forage, jusque-là brûlé par une torchère, sera récupéré pour alimenter une usine de cogénération qui le transformera en électricité. Celle-ci sera utilisée pour chauffer les serres. Même les eaux chaudes rejetées du forage à 60 oC (3 000 m3 par jour) seront envoyées dans une sorte de pompe à chaleur qui pourra apporter un complément calorifique.

Les serres elles-mêmes s'inscriront dans une démarche écologique. Leur eau sera utilisée en circuit fermé. Les tomates pousseront sur des substrats de fibres de noix de coco, ensuite recyclés. Enfin, les maraîchers privilégieront la lutte intégrée contre les nuisibles, c'est-à-dire avec des insectes plutôt qu'à l'aide de pesticides.

Dans cette affaire, toutes les parties ont compris les synergies possibles : la commune créera de l'emploi et des ressources financières nouvelles. Vermilion, dont le siège social est à Parentis - elle a racheté ce gisement et d'autres forages à Total en 1997 - va s'offrir une belle image de marque. Mais pas seulement : "Cela va montrer la volonté de pérenniser notre présence ici et le fait qu'il peut y avoir des synergies de métiers pourtant très différents", explique-t-on chez Vermilion. Le groupe canadien possède 16 autres concessions pétrolières (11 au total en Aquitaine et 6 dans le Bassin parisien).

Les maraîchers, eux, y voient la seule façon de concurrencer les pays à plus faible coût de main-d'oeuvre (Espagne, Maroc, Turquie) : "Près de 40 % de nos coûts de revient en serres proviennent de l'électricité, en augmentation de plus de 30 % ces dernières années, assène Bruno Vila, l'un des quatre producteurs associés au projet, également président d'Odélis. Alors, je pense que ce type de projet est une nécessité si on veut encore exister dans dix ans." Chaque partie est persuadée que cette expérience fera des émules.

Claudia Courtois

Source : lemonde.fr
Photo :
FORGET PATRICK/GAMMA

Les serres elles-mêmes s'inscriront dans une démarche écologique. Leur eau sera utilisée en circuit fermé. Les tomates pousseront sur des substrats de fibres de noix de coco, ensuite recyclés.

 

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